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Samedi 18 octobre

Le grand départ tant attendu et tant espéré. Les blessures du mois d'août ne sont que de mauvais souvenirs. 2 ans qu'on attend ça. 2 ans qu'on vit avec le souvenir de cet abandon. 2 ans que Christian et moi en parlons.
On y retourne, mieux armés, l'expérience en plus avec l'espoir que l'issue ne sera pas la même. Des certitudes, de la sérénité mais aussi des doutes, c'est humain et normal. On ne peut pas se présenter au départ d'une telle épreuve en étant sûr que tout va bien se passer. En tout cas, comme on veut mettre un maximum de chances de notre coté, cette fois-ci, nous nous accordons quelques jours sur place avant la course, manière de ne pas attaquer fatigués. L'avion est visiblement bien garni en grands raiders.

Dimanche 19 octobre retour en haut de la page

A l'aéroport avec Gino

Atterrissage à St Denis à 9h. L'ami Gino nous accueille, le sourire jusqu'aux oreilles. Notre QG à Etang Salé
Un pot d'accueil est prévu à l'attention des raiders. Sympa comme initiative. Punch, jus de fruits, samoussas et cadeau de bienvenue. Ça commence bien. Récupération de la voiture, un scénic un peu juste en chevaux, le souvenir du picasso de course refait surface....Enfin, c'est pas grave, il a l'avantage d'être spacieux.
Direction le QG d'Etang Salé Les Hauts, la sympathique maison de Sabine et Fred pour prendre nos quartiers.
On attaque direct par un plat de pâtes (le 1er d'une longue série) et une sieste.

Lundi 20 octobreretour en haut de la page

Eglise de Cilaos

Direction Cilaos par la fameuse route aux 400 virages (burps) et son tunnel qui marque l'entrée dans le cirque. J'aimerais bien y voir passer un bus.....
Notre scenic de course souffre et s'essouffle vite dans les lacets (surtout à la corde....).
On a envie de se faire le Taïbit en reco tranquille. Les filles hésitent à nous suivre et finalement préfèreront se balader et prendre le soleil dans Cilaos en nous attendant.
En fait, ce Taïbit, depuis la route d'Ilet à Cordes n'est pas très dur. On en avait gardé un mauvais souvenir de 2006, quand on l'avait fait de nuit avec 70 kms dans les jambes. De jour, la montée est super belle, il fait beau et chaud, vue sur Cilaos, les 3 salazes, le bras rouge que nous traverserons lors du GR. Col du Taïbit
Comme dit Christian : « un mythe est tombé... ». En effet, 1h30 de montée à allure touriste, pas de difficulté particulière en fait, hormis quelques marches. On croit même reconnaître un ou deux endroits où on agonisait 2 ans plus tôt. Une petite pause au col pour admirer le cirque de Mafate, ses ilets et Marla en particulier juste en dessous. Quelques photos plus tard, on redescend en 1h25.
De petites douleurs au tendon d'Achille gauche m'inquiètent à peine puisque je les traîne depuis ma blessure au tendon droit de début août (compensation inconsciente ?). Je le sens surtout à la montée et une petite douleur au genou gauche pour la descente. Allez, fini de psychoter, ça va passer.... Il est l'heure d'aller goûter la fameuse lentille de Cilaos. Par contre, parait qu'il est dangereux de toucher au vin du coin (interdit à la vente, c'est tout dire...).

Mardi 21 octobreretour en haut de la page

A la plage A fond !

Aujourd'hui, farniente donc repos au bord de l'eau qui nous tend les bras mais on a décidé d'éviter les bains qui ramollissent la peau des pieds.
Les filles ne se privent pas. Idem pour l'apéro. Nous, ça sera pour plus tard. On se consacre à la sieste qui, elle, est conseillée.
On apprend que le GR aura finalement lieu !!!! On avait essayé de penser à tout mais là, j'avoue qu'on aurait été un peu dégoutés... On se prépare quand même à affronter l'humidité que devrait laisser traîner la dépression Asma en particulier au départ et au volcan. Ralant quand on voit le beau temps qu'on a depuis notre arrivée.

Mercredi 22 octobreretour en haut de la page

Kiosque du Cap Noir dos à Mafate Retrait des dossards Jour du retrait des dossards. On laisse les filles à la plage avant de faire un détour par Dos d'Ane pour rejoindre le stade de la Redoute à St Denis.
Dos d'Ane qu'on doit traverser de l'église au stade lors du Grand Raid. On voit tout de suite que l'ascension depuis la rivière des galets ne s'arrête pas ici. Parait que quand on est à Dos D'Ane, c'est gagné...En effet d'après le profil de la course, on pourrait presque le croire.
On pousse jusqu'au kiosque du cap Noir (« Oui en savates, ça va »), pour une vue imprenable sur Mafate : magnifique....Roche Ecrite, Gros Morne, Grand Bénare, les 3 Salazes, Taïbit, Piton Cabri, beau panoramique.
On aperçoit 800m plus bas le ravito de Deux Bras dans le lit de la rivière des galets, lieu de notre abandon il y a 2 ans....même pas peur ! Enfin si, un peu...
Discussion avec 2 sympathiques employés de l'ONF, qui nous encouragent et prennent nos n° de dossard et qui nous montrent la crête qu'on empruntera samedi. Mais visiblement, faut se la gagner depuis Dos D'Ane (400m de D+ à la louche après 130 kms). Bon c'est l'heure d'aller au stade récupérer le sésame...30mn de retard pour l'orga, pas cool, on attend en plein soleil. En attendant les hommes...
Au briefing, le parcours définitif reste suspendu aux caprices de la météo et n'est donc pas encore arrêté. De par la lecture quotidienne des journaux qui consacrent une large place au Grand Raid et par la présence de quelques caméras au stade, on devine bien l'importance de la course sur l'île. Comme nous sommes arrivés tôt, nous serons servis assez vite surtout qu'après faut passer par les stands des sponsors qui nous chargent généreusement pour certains (Lafuma lâche royalement un autocollant, c'est la crise je vous dis). Bref, c'est tout le matos en poche, plus une affiche et une serviette achetées au stand officiel, qu'on rentre pour le bouchon du siècle !!!!! Pascale et Sabine nous attendront jusqu'à 20h, on s'inquiète de peur que la paillotte les mette à la rue: il fait nuit depuis déjà 2 bonnes heures. 
Notre inquiétude s'estompe assez vite quand on arrive: ces dames sont à l'apéro....on peut pas leur en vouloir ! On apprendra que le bouchon est dû à un accident et à un passage de....baleines (année exceptionnelle parait-il). La circulation est la plaie de l'île...

Jeudi 23 octobreretour en haut de la page

Préparation des sacs

Jour J. Coup d'oeil inquiet aux prévisions météo. Peine perdue, incertitude max, Météo France en grève. Faudra faire avec de toutes façons, mais c'est très ennuyeux de patienter 1 ou 2h sous la pluie. La matinée est consacrée aux préparatifs : sacs assistance, sac de course. On essaye de penser à tout.
Puis viendra le concours de gâteau sport...sur lequel je ne m'étendrais pas, par pudeur...2 écoles s'affrontent, cuisine au feeling contre cuisine scientifique. En tout cas, on s'est bien marrés.
Un peu de lecture, une heure de sieste (j'aurais préféré 2), enfilage de la tenue, pâtes, gâteau, café, départ vers Cap Méchant, un oeil rivé vers le ciel et les étoiles. Oui oui des étoiles !!!
On est sur place assez tôt, on prend la température, on tourne un peu, les filles nous accompagnent jusqu'à l'entrée du stade puis on les abandonne pour entrer dans l'arène. Ça y est, on y est ! Dépose des sacs d'assistance, passage au contrôle du matos obligatoire. Avant le départ
C'est quoi ce bordel ? y a que des mecs affutés comme des lames. On va finir derniers ou quoi ? Allez un petit café pour faire passer le gâteau sport. 
De toutes façons, on est pas là pour le chrono mais pour voir la ligne d'arrivée. Ensemble, ça serait l'idéal. 
La pluie annoncée n'est pas au rendez-vous et on s'en plaint pas. On s'avance un peu vers la ligne de départ, manière à pouvoir sortir du stade assez vite puis on s'assoit sous un magnifique ciel étoilé mais à même la caillasse acérée...on a déjà vu plus confortable !. Quelques animations sur scène, appel d'un mec qui a perdu son sac (sans dec...faudra m'expliquer), des anniversaires, appel des stars locales et favoris. La pression monte....
Robert Chicaud, le directeur de course entame le compte à rebours, nous nous tapons dans la main c'est parti : les fauves sont lâchés, 2400 fous s'élancent, tous ont un objectif personnel, aucun n'est sûr de voir l'arrivée !

Affiche officielle
24-25-26 octobre 2008
16e édition de la Diagonale des Fous
148 Kms et 9200m de D+

Vendredi 24 octobreretour en haut de la page

Aire de départ  Saint Philippe, Stade de Cap Méchant (km 0, D+ 0m). Ça bouscule à peine. On est pas trop mal placés, tellement bien que les filles ratent la photo.... La tactique est de courir un max ou d'arriver assez vite au début du sentier du volcan (km 15). Un rasta nous fait l'extérieur, un spectateur lui crie « vas-y mon frère, fous le feu ! », ils sont bons ces rastas !
C'est donc en courant qu'on remonte pas mal de monde sur la route et la 1ère sensation est qu'il fait vraiment chaud et humide (24 ou 25°c je dirais): je transpire déjà beaucoup. Contrairement à 2006, on marche très peu sur la piste forestière, petit rythme certes (700m de D+ sur 13kms) mais quasiment pas de marche. Au bout d'une heure, l'ami Gino nous rattrape, alors qu'on le pensait déjà devant avec son objectif de 30-36h. On avait prévu d'attaquer le sentier du volcan au bout de 2h15, on y est au bout de 1h58, dont 6mn d'arrêt au ravito Mare Longue (km 16, D+ 792m), juste avant le sentier.
Pourtant cette partie me parait bien plus longue qu'en 2006. On n'a pas fini de comparer les sensations.... Il fait très chaud avant d'attaquer le gros morceau : la montée du volcan. « Ilé duwe le volcan ». C'est vrai, c'est dur et surtout c'est long. Des racines, des marches dans la dense végétation bien humide. On s'arrête quasiment pas, à la sortie de la forêt, un petit air frais bienvenu nous accompagne, on voit la guirlande de raiders qui se suivent devant et derrière, le ciel étoilé est beau ...La difficile montée offre son classique spectacle de raiders partis trop vite, de malades, de déjà blessés... Arrivée à Foc Foc Pas nous, pas nous: pourvu que ça dure ! 
Personnellement, cette montée me gave un peu et j'ai (déjà !) sommeil....On arrive sur la crête au petit jour. Le lever du jour sur le volcan, malgré quelques nuages est superbe ! C'est aussi pour ça qu'on est là. On aperçoit un ilot de lumière au loin : le ravito de Foc Foc (km 24, D+ 2494m). Signe que la 1ère difficulté est enfin dernière nous. Jusqu'à maintenant, les sensations sont bonnes, même si les petites douleurs m'accompagnent mais ne me gênent pas. Le jour et le soleil me redonnent la pêche. Christian a pris un coup de froid mais a su s'arrêter à temps pour se couvrir.
Arrivée route du volcan Direction le 1er pointage électronique de la route du volcan (km 31, D+ 2590m), en alternant marche et course. Pour faire un 1er coucou virtuel à ceux qui nous suivent derrière leur écran. Top chrono 6h18, on avait prévu 6h35. En 2006, on avait mis 8h13. 2h de gagnées, tactique du départ payante. C'est bon pour le moral. Par contre, c'est sûr que c'est plus éprouvant. 1ère bonne pause: Soupe, sandwich, un peu de NOK pour les pieds en compagnie d'un vieux briscard qui nous donne quelques conseils. « Cette année, ça sewa très duwe, Kerveguen, Mafate ».
On repart pour une partie super agréable qui me fait revenir 2 ans en arrière, un vrai flashback, la pleine des sables au petit trot et l'ascension du rempart des basaltes jusqu'à l'oratoire Ste Thérèse. « Y a plus qu'à » se laisser glisser jusqu'à Mare à Boue via le Piton Textor (km 40, D+ 2985m). Profil descendant assez roulant, où je me fais une belle frayeur en me tordant la cheville. La brume et la « farine » (bruine) font leur apparition et ça devient moins agréable du coup.
On arrive à la N3, seul lieu de rendez-vous avec les filles. On a prévu qu'elles nous portent un sandwich jambon de pays + fromage (repas chaud non prévu cette année à Mare à Boue, d'après le roadbook) et de l'Overstim pour recharger les Camelbak. On les attend 20mn (putain de circulation) au cours desquelles on regardera un paquet de raiders nous doubler. Le pointage-ravito est à peine plus loin ce qui explique notre dégringolade au classement. On en profite pour leur laisser les affaires mouillées. Bisous et rdv à Saint-Denis.
On rejoint le ravitaillement de Mare à Boue (km 50, D+ 3072m) par une petite route où il y a beaucoup moins de monde qu'il y a 2 ans à cause de la météo humide, sans doute. Mais c'est un lieu de rencontre coureurs / familles, on est donc copieusement encouragés. Surprise au ravito puisque le repas chaud est bien là (ça me gave ces erreurs de roadbook comme ça)! Pointage, soupe et on repart aussitôt, les places perdues sont reprises (anecdotique en fait). De toutes façons, le pique-nique champêtre au soleil, comme en 2006, n'aurait pas pu se faire, la faute à la « farine ».
Place à un gros morceau: Kerveguen, ses sentiers humides, peu roulants, ses racines, ses rondins et la montée au refuge du Piton des neiges. Un mec et sa femme sont au milieu du chemin à taper sur une grosse poubelle, encourageant tous les coureurs sur l'air de « il est vraiment phénoménal...». On les entend de loin, sympa même s'ils ont l'air un peu farfelus.... Assez vite, je commence à sentir la fatigue me gagner. Une sensation du style, « je suis vidé » ! Est ce que je paye le départ un peu rapide ? On fait une petite pause de 5mn qui nous permet de consulter les textos de Cyril, mon frère, un « ultra » de notre club de supporters, qui nous informe sur les faits de course et notre position.
Il est loin ce refuge, d'autant que la vitesse de progression est vraiment basse : passage d'échelles assez délicat, ça monte, et le terrain est, comme toujours, difficile. Un petit gel me fait du bien. On récupère quelques coureurs qui nous ont déposés plus tôt, et qui éprouvent aussi le besoin de souffler. Je discute avec un gars qui m'avoue qu'il va arrêter à Cilaos, il n'en peut plus. Je lui dis de bien réfléchir, de se reposer avant de rendre le dossard, sous peine de gros regrets.
Gite de la caverne Dufour Plein d'eau et soupe au gîte de la caverne Dufour (km 62, D+ 4211m), sous le piton des neiges, caché dans la brume. Qu'elle était longue cette partie....Notamment, la fin, partie inédite pour nous. A voir les visages marqués, tout le monde semble de cet avis. Le ravito est peu confortable, peu de place. Maintenant place à la descente sur Cilaos (dite « du bloc ») qui d'après mes souvenirs sur Carto Explorer, est très raide et zigzague beaucoup. Début de la descente du bloc Je me souviens bien malheureusement. Christian me dit « technique au début, plus roulante à la fin ». Après coup, je dirais « Pourrie du début à la fin ». Raide, des épingles tous les 5 m, des rondins et de la pavasse partout. Que du bonheur ! pas de répit donc. Les locaux s'en donnent à coeur joie. Par contre, ne prenant aucun risque (on marche) on s'est fait enrhumer par au moins 50 coureurs et on a dû doubler 3 mecs dont 2 éclopés ! 1h40 de calvaire (« partie technique » du début) avant d'arriver au ravito du bloc (km 67 D+ 4211m) et de la partie bitumée (partie « roulante » de la fin) qui nous mène à Cilaos.
On pourrait courir mais la descente nous a brisés. On adopte une marche rapide. On décide de s'octroyer une bonne pause à Cilaos, en plus il pleut.
A notre arrivée au stade de Cilaos (km 70, D+ 4230m) après 16h de course, on aperçoit Laurent Jalabert du coté des kinés et podologues. A-t-il abandonné ? Une autre surprise nous attend: les sacs d'assistance sont entassés sous la pluie. Un manque de respect manifeste, lamentable...
Une vingtaine de tentes de l'armée sont à disposition pour se reposer, en réquisitionner 2 de plus pour les sacs aurait été judicieux il me semble, d'autant que la météo est incertaine depuis le début de la semaine. Heureusement pour nous, on avait prévu le coup en triplant les poches poubelle dans les sacs mais ils vont être heureux, ceux qui vont récupérer des sapes mouillées avant la nuit... Direction les vestiaires...de l'eau partout, des mecs entassés, des bancs misérables dans un couloir quasiment inondé sans parler de l'odeur de chacal qui prend la tête...A la rigueur je préfère me changer sous la pluie. On décide de tenter les gradins du stade occupés par les familles.
Finalement, on le fera royalement au sec bien installés dans une tente accueillante et quasi déserte. Change complet, chaussures compris (les Montrail remplacent les Mizuno), réparation pieds, repas chaud complet (plutôt 2 fois qu'une d'ailleurs, je me souviens de mon début d'hypo de 2006) et on tente 1h de sommeil sous la même tente, des coqs en pâte : lit + couverture. Christian apparemment s'assoupit un peu, pas moi. J'ai la haine, je me dis que je dois dormir à tout prix, pourtant je suis crevé mais rien à faire. Je le réveille au bout d'1h.... « On y va ? » Je positive en me disant qu'une heure allongé, n'a pas pu me faire de mal.
Il bruine toujours. On repart après 2h30 de pause. Hallucinant, pas vu le temps passer ! La suite des réjouissances n'est pas très gaie et la nuit est tombée. Direction la cascade de Bras Rouge sous Cilaos, manière d'attaquer le Taïbit de plus bas. Cette partie est vraiment dure, chiante, humide, il fait chaud ! Par endroit on devine le « gaz », très proche.... Très vite, un arrêt me fait enlever mon équipement nuit/froid, je me remets en t-shirt et j'ai encore chaud, même la frontale me tient chaud. Malgré la pause de Cilaos, j'ai pas vraiment récupéré, Christian mène la danse, il est bien mieux que moi, il me traîne. La nuit va être longue. Même si le rythme est pépère, on rattrape du monde. Toujours ça de pris pour le moral. Je fais des micro pauses de 10 secondes de temps en temps.
On arrive enfin au départ du sentier du Taïbit sur la route d'ilet à Cordes (km 77, D+ 4613m). Notre chemin de croix avait commencé là en 2006. C'est pourquoi on a jugé bon de revenir reconnaitre lundi, on sait maintenant ce qui nous attend. Ça rassure un peu. Soupe, café, plein d'eau, un gel et on repart. Tranquillement. On arrive à l'ilet des 3 salazes, petite cabane au bord du chemin, un petit feu accueillant, tisane « ascenseur » offerte. Pas de tisane pour nous, on voudrait éviter la tisane « qui redescend ». Par contre on s'assoit 10 mn au coin du feu, discuter avec nos hôtes, vraiment sympas. Ils ont dressé 1 ou 2 tentes pour permettre à quelques raiders en déroute de récupérer. Super idée. Gino avait récupéré ici en 2006. C'est dur de repartir, un dernier merci et on y va.
On reconnait quelques endroits repérés lundi, des frontales scintillent plus haut, bien plus haut. J'en bave grave et on n'y est pas encore mais je ne m'inquiète pas. Je m'y étais préparé. Faut laisser passer l'orage. Je fais un petit film avec l'apn, je pense aux entrainements, au cassoulet de ma mère qui m'attend au retour. Il sera meilleur la médaille autour du cou. On arrive enfin, sans encombre au col en 2h (depuis la route).
On entre dans Mafate, J'espère pouvoir fermer un oeil à Marla. Le chrono n'est pas super, on s'en fout. La descente sur Marla est donnée en 45mn, je pense que c'est le temps qu'on mettra. Ça faisait un moment qu'on entendait gueuler. Je pensais à des mecs heureux d'en terminer avec la montée. Des rastas mettent l'ambiance au col: « la rosse el roul » (NDT: « attention ne pas marcher sur la pierre, elle n'est pas stable »).
On assure en descendant sur Marla (km 83, D+ 5563m). Putains de souvenirs...au fond du gouffre il y a 2 ans. Ici c'est le point de non-retour, je m'apercevrais plus tard, que beaucoup l'ont découvert ici, comme nous en 2006, on n'abandonne pas dans Mafate : pas de route, sauf gros pépin, on en sort par ses propres moyens sinon c'est l'hélico.
Il ne pleut plus. Je découvre un texto de ma « petite » Mathilde. Ça vaut tous les massages. Beaucoup de monde enroulé dans les couvertures de survie. On se couvre, on sort les nôtres, toutes neuves (rien ne vaut l'expérience..:-) ), on s'installe par terre à même le sol humide. Me voyant m'enrouler tant bien que mal dans la couverture, un bénévole me propose de me border. On arrive un peu à dormir, une vingtaine de minutes je dirais.
Ce coup-ci, c'est Christian qui sonne le réveil. Ça condense dans la papillote et le froid empêche de donner suite. On plie « les draps » (le même bénévole m'aide, j'ai jamais su le faire ;-) ), une soupe en grelottant et on repart. Il doit être 1h du mat. On est samedi. On se réchauffe 2 ou 3mn au coin d'un feu à la sortie de Marla, puis direction Trois Roches. Ce petit somme fait remonter le moral. Se sentir bien mieux qu'il y a 2 ans également. Route pépère dans la nuit noire mais on s'arrête débâcher, chaleur oblige.
Trois Roches (km 90, D+ 5765m) est « vite » atteint, musique des années 60's (« Only youuuuu ») et 80's (me souviens plus) au taquet. On s'éternise pas. Faut traverser une rivière, en 2006 une corde servait de main courante. Je ne la vois pas. J'ai pas envie de foutre les pieds dans l'eau : ampoules assurées ! En plus, à la lueur de la frontale, on ne distingue pas si les cailloux sont totalement immergés ou dépassent...Le temps d'un arrêt technique de Christian, je me lance, le pas hésitant, c'est chaud mais ça passe. Je m'assois même en face pour regarder l'équilibriste qui s'en sort pas trop mal également. Je verrais plus tard sur des photos des mecs qui traversent en tenant une corde !!!! Mystère. Peut-être que ce que j'ai pris pour de la rubalise était une corde...
La partie qui suit est longue et pénible, déjà il y a 2 ans j'avais passé mon temps à regarder la montre. Pas mieux cette année même si je sens que je reprends du poil de la bête en sentant le jour arriver. On décide d'essayer de dormir à nouveau un peu à Roche Plate, il devrait faire jour et un peu plus chaud.
Roche Plate au réveil Roche Plate (km95, D+ 6147m), 5h30 du mat. Un carton nous tend les bras (qui a dit clochard ?). On s'enroule dans les couvertures de survie jusqu'aux oreilles,vissage des boules quies, Buff sur les yeux. Le sommeil vient assez vite malgré un gentil bénévole qui accueille les raiders en hurlant un sympathique « Bienvenue à Roche Plate ». Merci les bouboules. En tout cas, une bonne demie-heure de sommeil bien profond pour tous les 2 je dirais. Du genre qui requinque.
Révision complète des pieds, soupe, orange, chocolat et on repart pour une autre partie inédite qu'on redoute un peu. Et pour cause, au bout de 100 kms, un mur de 500m de D+ sur même pas 2kms... On avait même vu une photo assez impressionnante de l'endroit. Surtout qu'avant le mur, il y a 2 ou 3 coups de cul bien raides qui font croire qu'on y est, et les 2 ou 3 descentes qui vont avec...du Mafate pur jus. Bref, arrivé en face du mur, je reconnais la photo, y a plus qu'à descendre dans le lit de la rivière (rafraichissant) avant d'enquiller l'escalade.
Bonne surprise, on monte bien, sans arrêt, quelques marches ont été bétonnées, heureusement d'ailleurs. Parait qu'il y avait un panneau accueillant « Danger de mort », pas vu....On en vient à bout en 45 mn (Gino met 53 mn de nuit). Pause crème solaire en haut, le soleil de Mafate cogne dur maintenant (9h du mat, il doit faire 30°c). Un mec arrive, en collant long avec une veste épaisse. Comment fait-il ? Il doit se vider à grosses gouttes... Après Roche Plate
20 mn de descente « gentille » plus tard, on est à Grand Place les Bas (km 103, D+ 7017m), les chiffres commencent à causer. Un gendarme du PGHM, nous briefe sur ce qu'il reste : cette partie est très pénible, ça monte, ça descend, ça monte, ça descend et il fait hyper chaud ! Rien qu'on ne sache déjà... 10 bornes comme ça jusqu'à Aurère (on estime à 3h !), même si on n'en voit pas la fin, on discute souvenirs, ça passe quand même mieux qu'en 2006. On alterne ombre et soleil. En plein soleil c'est le four. On double un local avec un bon gros collant en laine ! Une grosse envie de dormir me gagne...je lutte tant bien que mal, j'ai envie de jeter le sac et m'allonger sur le bord du chemin. Finalement ça passe... En fait, je m'aperçois que c'est pas aux jambes que j'ai mal mais au dos...la faute à un sac trop lourd, à un plein d'eau fait quasiment à chaque ravito, la peur de manquer...Une réflexion à mener pour les futures courses....
Ravitaillement d'Aurère Une belle photo sur la passerelle avant la dernière montée assez rude sur Aurère (15mn). Gino qui connait le parcours par coeur nous dira que lui aussi se croyait arrivé à chaque virage. Aurère (km 113, D+ 7630m), 15 minutes d'arrêt, je me refais un pansement au pied, une seule ampoule qui me fait assez mal, et avec la descente qui suit (7kms) je veux assurer. En 2006, j'en avais bavé dans cette descente interminable, à chaque pas, j'avais l'impression qu'on m'arrachait le petit orteil. Un mec nous dit qu'en marchant, il faut 2h pour atteindre le poste de Deux Bras. On mettra 1h40 en marchant cool. On se fera d'ailleurs doubler par un local, qui ne fait pas la course. Un petit trapu avec un gros sac à dos, en tongs !!! Il court et bondit, de cailloux en cailloux...on hallucine. Un raider qui vient de nous doubler en courant, s'arrête, dégouté.
Le temps se couvre et revoilà la farine. 1 bon km à traverser et retraverser la rivière des galets et nous voilà à Deux Bras (km 121, D+ 7630m), lieu de notre abandon de 2006. Rien à voir cette année, on est bien, pas de douleur, le moral est bon. Accueillis par une pancarte « le plus dur est fait ». Là aussi les sacs d'assistance sont en plein air...Pas d'attente chez les kinés, on prend le luxe de se faire masser un petit 1/4 d'heure. Agréable même si j'aurais préféré plus de vigueur. En tout cas, ça relaxe, j'ai presque failli m'endormir. Repas : boucané, poulet, pâtes, lentilles. Pieds neufs, on peut repartir à l'assaut de la « dernière difficulté »: 1400m de D+ en 2 fois. « A Dos d'Ane, c'est gagné... » En repartant de Deux Bras
On a envie de parler de l'arrivée mais on préfère s'abstenir pour pas se porter la poisse. On sent plus que jamais qu'on y est, qu'on va le faire. On en a sous le pied. On ne doute pas. Mais....faut pas s'enflammer ! La banderole à la sortie de Deux Bras annonçait « Bienvenue chez les fous 26,6 kms ». 
On monte à un bon train, avec un mec qui a habité Toulouse, qui nous dit qu'il faut 5h pour arriver à notre rythme depuis Dos D'Ane. Donc pas encore arrivés. Cette montée redoutée passe sans trop de souci, faut bien négocier mains courantes et échelle métallique. On est d'accord tous les 2, « Vaut mieux passer de jour ». Quelques parties moins raides que d'autres pour récupérer.
Et toujours ce côté qui m'agace, des gens croisés, randonneurs, amis de raiders, spectateurs croyant bien faire (ça part d'un bon sentiment, je suis d'accord) : ils annoncent le temps ou la distance restant jusqu'en haut avec chacun son petit repère. Certains parlent en D+. « Il reste 500m », j'ai déclenché l'alti de la Suunto en bas, on me la fait pas. « Plus que 50m », et comme souvent « Bon courage... » ce qui veut dire « t'as pas fini d'en chier... ». « Allez dans 15 mn » et Christian se fait souvent confirmer par le mec croisé 10mn après « on y est là non ?! » , « dans 15mn tu vois les bambous, et après tu y es.... »
Notre compagnon de route monte bien mais nous explique qu'il ne peut plus descendre à cause d'un problème aux 2 chevilles. Arrivé à Dos D'Ane, il estime à 15h son temps de descente dans son état (glurps...courage mon gars). Peut-être a-t-il renoncé ? Sa compagne l'attendait là... Direction le stade de Dos d'Ane (km128, D+ 8529m), où on fera un dernier arrêt NOK. Sitôt le pointage effectué, les textos pleuvent. Celui de Pauline, ma fille, ma grande, me fait chaud au coeur. Cyril nous informe sur notre position (820e). Le suivi est bien en temps réel ! Il parait même que le Stade Toulousain mène à Paris...
Sentier vers le Piton Batard A nous le Piton Bâtard. D'entrée on double un mec avec une « jambe en bois » qui ne le porte plus. Il a du mal à monter les 1ères marches. Quand on verra la suite, on pensera bien fort à lui. Y a des mecs qui vont vraiment au bout du bout....Je me sens bien. Je passe devant. On se croit au plus haut lorsqu'on a atteint la crête au dessus de Dos D'Ane. C'est très couvert, dommage on devine plus qu'on ne voit. A gauche Dos d'Ane (400m + bas) et à droite le cirque de Mafate. Par endroit, la crête fait 1.50m de large avec gaz à droite et gauche.
Et ce Piton Bâtard qui n'arrive jamais et qui commence à bien porter son nom...on alterne montées raides avec marches et petites descentes casse gueule. La nuit est tombée, la boue commence à faire son apparition. La brume s'épaissit. Au bout d'un moment, en demandant à des locaux, on apprend qu'on a dépassé Piton Bâtard, bonne nouvelle. Par contre la suite....Là commence la galère. Le chemin est détrempé, la boue gagne du terrain. Chaque petite descente se fait au ralenti ce qui n'empêche pas les glissades. Ça dure quasiment 4 kms. On perd un temps fou sur cette partie. On marche sur des oeufs. Pas le moment de se faire mal. Un mec est allongé sous sa couverture de survie. On croise plus loin les « secours » (il est pas sauvé le pauvre...) qui viennent à sa rencontre.
La brume très épaisse nous accompagne maintenant, la totale donc ! On arrive tant bien que mal au kiosque d'Affouches (km 135, D+ 9120m). Kiosque d'Affouches (hein Christian ?) où on se croit sortis d'affaire. De la bouillasse même sous la tente du ravito, c'est la guerre de tranchées. On nous informe que maintenant c'est 3 kms de route forestière, ouf, terminé la merdasse. En partant, un gentil bénévole nous dit « dans le sentier des goyaviers, marssez bien au milieu dans boue, sur le coté ça glisse et y a des crevasses... ». Voilà l'ambiance. Le problème est que maintenant on n'y voit plus RIEN !!!! Le brouillard est super épais. On part à plusieurs et on se retrouve vite seuls. Pas cool.
Sur la piste, Christian marche à gauche et moi à droite à la recherche du balisage Grand Raid. L'angoisse de se perdre maintenant... A chaque balise découverte (tous les 300 ou 400m), on est rassurés. On devine que la piste tourne de temps en temps. Les premiers courants d'air nous obligent à remettre les vestes.
La peur de rater un chemin s'empare de nous. Au bout d'un moment, on arrête (de justesse) une voiture qui monte. Le mec nous informe que plus bas, un bénévole attend pour aiguiller. Ouf, nous voilà rassurés. Putain, ils pouvaient pas le dire au ravito, ça ? Tout le monde n'est pas d'ici ! On hausse le rythme sur la piste jusqu'à apercevoir la lumière de l'entrée du fameux sentier des goyaviers. On a limité la casse, dommage d'avoir croisé la voiture si tard. Un autre gentil bénévole nous prévient : « dans le sentier (des goyaviers), marssez bien sur le coté ... ». Nous voilà bien avancés... 2 autres raiders sont là, un local Freddy et un suisse, Olivier.
Freddy propose d'ouvrir la route, il connaît. Ça nous arrange. Et c'est reparti, pour un festival de boue hypercollante au début mais pas trop glissante, puis très très glissante ensuite. Chacun y va de sa figure artistique. C'est usant. On a dû tomber 5 ou 6 fois chacun. Aucun bobo heureusement. Le sentier est étroit. On s'accroche tant bien que mal à la végétation. On ne peut pas faire autrement...On essaye de viser un arbre qui nous arrêtera. La plaisanterie dure au bas mot 5 bornes...une éternité ! On discute de la possibilité d'arriver sous les 48h, Freddy pense un coup que c'est faisable, puis plus tard y croit moins... On dépasse un mec allongé sur le dos, mal en point, les jambes en l'air qui nous explique, peinard, qu'il fait un malaise vagual. « Vous inquiétez pas, j'ai l'habitude, ça va passer ». Ah bon...
On arrive à Colorado (km 143, D+ 9184m) soulagés et entiers....J'hésite à me péter une ampoule qui me gêne. Je ne le fais pas. Je finis comme ça. On se lave les mains (« on dirait des pieds »), on boit un coup, 2 ou 3 tartines et à nous la breloque !!!!! C'est dans la poche, il reste 5 kms. D'un coup de portable, Christian informe les filles de notre arrivée imminente. Mais voilà...on va mettre quasiment 1h30 à rallier l'arrivée.
La descente est dangereuse, hyper cassante et c'est la nuit, la prudence est donc de rigueur. En bas, on aperçoit bien-sûr les lumières de Saint-Denis, le stade qui nous attend....c'est bon ça comme sensation. Pas question de se laisser aller à la contemplation, il s'agit surtout de regarder où on pose les pieds. L'ampoule me fait souffrir, j'ai mal, les pieds commencent à fumer, je m'en fous, c'est bon....On avait prévu de marcher pour savourer le dernier km, on marche mais on peut pas dire qu'on savoure. On se fait doubler par des malades, les 48h sont à notre portée mais eux doivent estimer qu'il vaut mieux finir à bloc au risque de se crasher...chacun sa tactique.
Enfin, la délivrance, la fin du chemin, la route, le panneau Saint-Denis, plus que 500m, on passe sous un pont. On prend le temps de se tomber dans les bras: « on l'a fait ! » On trottine maintenant jusqu'à l'arrivée, je sors l'apn pour filmer notre arrivée. L'entrée dans le stade...le moment tant attendu: on l'a fait !
La foule en délire nous acclame (si si, au moins 10 personnes...) Les filles sont là, on pose pour la photo. Gino aussi est là. Ils ont l'air aussi heureux que nous. Ça fait chaud au coeur.

47h50, nous passons la ligne

On y est !

Saint-Denis, Stade de La Redoute (km 148, D+ 9184m). Médaille, T shirt. On a survécu. On se tape encore dans la main : On l'a fait.
Place aux photos, comme si on avait gagné. Nous posons avec nos 2 compagnons de galère. La famille (nombreuse ?) de Freddy mitraille. Je suis heureux. Christian est heureux. Les filles sont heureuses. Gino est euphorique.
Les 4 compagnons de galère La famille a dû nous voir arriver grâce à la superbe initiative de rfo qui avait disposé une caméra fixe sur la ligne d'arrivée et qui diffusait via son site web.En famille
On se pose au milieu du stade pour enlever les chaussures. Une petite douche glacée dans un vestiaire dégueulasse. Une dodo (lé la) en consultant tous les textos qui tombent (merci à tous). Un dernier carry poulet à la cantine des survivants, qui est trop en retrait à mon goût de l'ambiance de l'arrivée. Endroit peu festif surtout à cette heure-ci (1h du mat). Le stade s'est bien vidé depuis notre arrivée et nous voilà en route vers le QG. Personnellement, sitôt assis dans le scénic sitôt endormi. La descente de voiture sera difficile, un playmobil somnambule, je m'en fous, on l'a fait ! Il est 2h30 du mat, fin de l'aventure....On l'a fait ! Merci Christian, merci Mesdames.

Dimanche 26 octobreretour en haut de la page

Il n'est que 9h30 quand je me lève. Christian est déjà debout et est même allé chercher les croissants.
C'est fou comme le réveil n'est pas le même quand on a atteint son objectif. Quel contraste avec 2006. C'est reparti pour une tape dans la main « on l'a fait ». Les T shirts et les médailles sont là pour nous le rappeler.
Fiers ! Petite séance photo. On se sent « maigres ». Clair qu'il y a longtemps que j'ai pas dû être aussi « léger ».
Maintenant place à la détente, direction la plage, un petit snack pour refaire les niveaux. Un petite baignade dans l'eau à 26°c, puis retour au stade afin de récupérer le dernier sac d'assistance, de faire un dernier coucou à Gino, et surtout signer le trombinoscope des fous. C'est évidemment revêtus de notre T-shirt jaune « survivant » que nous nous pointons au stade. On se dirige direct vers le mur de dédicaces, le trombinoscope des fous signé par les survivants. Trop frustrant d'avoir assisté à ce spectacle auquel nous n'étions pas conviés en 2006. On savoure, on prend des photos. Récup du diplôme. Une dodo. Une petite visite sur le stand de Gino et de ses élèves du projet « Grand Raid Millimétré ». Présentation de ses copains de club : untel 9e du grand raid, untel 17e, untel 30e...On a pas l'air cons, tiens... c'est le moment que choisit Christian pour commencer à faire le malin.
Ça y est monsieur est finisher, il ne supporte pas les frites du midi alors il peut se permettre de vomir...Je plaisante, mais il a pas l'air bien... Une clameur monte, les derniers arrivent...Bravo, belle preuve de courage après 64h. Nous ne restons pas pour la remise des prix. En repartant du stade, nous croisons beaucoup de gens qui nous félicitent (le T-shirt jaune...), des voitures ralentissent pour dire « bravo les gars ».
Le Grand Raider inspire le respect, déjà avant le départ, mais alors avec le t-shirt....je lirais dans un journal : « Ici à la Réunion, il est important d'avoir quelqu'un dans la famille qui a fait le Grand Raid ». Ça veut tout dire. On l'a fait, c'est écrit !
Une question : quelques frites peuvent-elles venir à bout d'un survivant au Grand Raid ? La réponse tombe au retour après la sieste. Clairement oui ! Malgré la sieste d'une heure en rentrant, c'est pire...Dommage, ce soir, c'est rougail-saucisse chez Benoit et Cécile. Moi la sieste (un comas plus que profond) m'a plutôt réussi. Elle m'a ouvert l'appétit même si je sens que mes frites aussi ne demandent qu'à reprendre leur liberté....On laisse Christian avec une bassine pour compagnie. Faut pas compter sur Sabine pour l'assister, elle préfère aller manger :-).
Super accueil, super repas avec vue splendide sur St Louis, St Pierre, Etang Salé illuminés. Que des spécialités de la Réunion avec en prime du fromage local. Par contre, j'y pense maintenant, on a oublié de goûter le vin de Cilaos.... Mais surtout qu'apprend-on ? que ces dames n'étaient pas très optimistes, n'y croyaient pas vraiment, pensaient que peut-être on pourrait renoncer....Un peu déçus, là, sur le coup...

Lundi 27 octobreretour en haut de la page

Notre dernière journée sur l'île. Christian va mieux, un peu de plage le matin. Tourisme l'aprem à St Denis, dégustation de fruits au petit marché avec découverte d'une musique un peu particulière avant de reprendre le vol du soir. Beaucoup de raiders rentrent au bercail, félicitations de l'équipage et caillage toute la nuit.
Pour info, le débardeur de course aux couleurs des sponsors avec un blouson en cuir, ça le fait pas...Ami raider, si tu me lis, elle marchera pas ta mode. Sans rancune....

Début novembreretour en haut de la page

Je me régale à revivre la course grâce à ce récit. Les images sont encore fraîches. C'est d'autant plus agréable que notre périple a été une réussite (à notre niveau). Je lis ici ou là d'autres CR de participants à la fête. Des retours mitigés. En effet, il semble que la course ne soit pas la même pour tout le monde. Au niveau assistance, on avait déjà remarqué en 2006. Pour le haut du tableau, ça doit avoir son importance, à notre niveau, ben, on s'en fout. On a fait notre course. L'organisation ne s'est pas toujours montrée à la hauteur. J'ai pu lire que les arrivants de semi-raid n'avaient pas droit à une bouteille d'eau à l'arrivée et que énormément ont été mis hors course.
Les participants ont en général été disciplinés, surtout par rapport à la propreté des chemins, encore quelques emballages ici ou là mais par rapport au nombre de personnes ça reste acceptable (même si c'est toujours trop).
Ce qui m'a un peu gonflé, c'est de voir des mecs avec des bâtons télescopiques pourtant interdits...
Maintenant, l'aventure va laisser un grand vide, des images et des souvenirs plein la tête. J'attends le DVD avec impatience.
Toutes ces heures à s'entrainer, ces « petites » blessures qui font (beaucoup) douter, les jours en montagne où on prend peu de plaisir, la famille qu'on abandonne, les choses à faire qu'on reporte, les fêtes qu'on fait le frein à main serré: tout ce qu'on a fait cette année avait cette diagonale pour seul et unique objectif, le but ultime.
Avec le recul, l'entraînement a été bon, puisqu'on finit bien malgré quelques baisses de forme (pour moi, inévitables ?), faudrait maintenant essayer d'aller un chouilla plus vite. Nos week-end chocs ont été bénéfiques mais se sont avérés très usants.
Notre forfait au 75 kms du GRP de fin août, a peut-être été salutaire....on ne saura jamais, mais quand je vois certains enchaîner les ultras, je me dis qu'on est pas tous égaux devant la récup....
Quelques chiffres : 47500m de D+ cette année (hors séjour Réunion) dont 30000 cet été soit 9000 de plus qu'en 2006 pour 200 kms de plus en montagne (ou trail).
Un mois d'octobre très allégé et sans D+ m'a permis d'arriver frais au départ.
Déjà envie de m'y remettre....mais une bronchite carabinée et une météo capricieuse m'aident à rester raisonnable.
La gestion de course n'a pas été parfaite, notamment le sommeil mais on ne décide pas de quand on a sommeil. Personnellement, la tension nerveuse et l'excitation m'empêchent de trouver facilement le sommeil. Seule la grosse fatigue a eu raison de mes yeux. Certains arrêts auraient pu être plus courts. J'ai encore passé trop de temps à soigner mes (doigts de) pieds peut-être aurais-je pu (dû) strapper davantage dès le début.

Un petit retour d'expérienceretour en haut de la page

si ça peut servir à quelqu'un... :

 

Un immense merciretour en haut de la page

Conclusionretour en haut de la page

En tout cas, une chose est sûre, l'expérience malheureuse de 2006 a été vraiment mise à profit. C'est un sacré avantage de savoir ce qui nous attend. D'ailleurs ça a été un des principaux sujets de conversation depuis 2 ans. Avec le recul, on n'a jamais douté. Il a toujours été évident qu'on irait au bout. La tête a été en parfait accord avec les jambes.
L'objectif est atteint: on a terminé cette course mythique, très très dure qui oblige à tout donner, à se dépouiller, à s'entrainer longtemps à l'avance.
Va-t-on en causer autant qu'après 2006 ? Christian et moi avons bouclé cet objectif commun: on avait prévu de le faire ensemble, pari gagné. C'est fabuleux de partager cette joie. Bien-sûr elle a été partagée avec d'autres mais de « l'extérieur », ce n'est pas tout à fait pareil.
Nous n'avons pas eu à gérer l'abandon de l'autre. Ca ne s'est pas produit, tant mieux, ça aurait été vraiment un coup dur ! Mais s'il avait fallu, on l'aurait fait.
Est ce que je reviendrais ? Durant la course, j'ai répondu à la question : non, plus jamais ça ! Quand on voit les souvenirs qu'on en garde, comment cette course marque les gens qui l'ont faite, il est clair qu'on ne peut pas dire « plus jamais ça ». Mais si je reviens, ce n'est pas avant quelques années en tout cas.
D'après le barème utmb (Ultra Trail du Mont Blanc), terminer à la Réunion, nous donne les points nécessaires à l'inscription pour 2 ans. Personnellement je ne le sens pas pour 2009 mais en 2010 pourquoi pas ? Notre prochain objectif, notre prochain défi ?

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